Avant toute chose, je tiens à préciser que mon propos n’est pas valable pour la maternelle. En effet au cycle 1, varier les support est d’une importance capitale, ce qu’a très bien compris Véronique sur son blog http://www.doigtdecole.com.
De même il existe de très bons sites qui répertorient (et testent surtout) les apps dites « éducatives » comme l’excellent http://www.declickids.fr.
Mais revenons à nos moutons.
En 2 ans j’ai ajouté 3 applications aux tablettes de l’école. Et mis à part Adobe Voice, je me rends compte que je les utilise très peu. Alors pourquoi ce « Les apps on s’en fout » ? Et bien je pense que l’app est le cadet des soucis de l’enseignant selon moi. L’approche du numérique doit se faire au travers de sa culture et du plus qu’elle peut apporter.
Bon, restons quand même réalistes. Au début faut quand même se familiariser avec les bébêtes numériques, et les apps « éducatives » ça aide à entrer en matière, mais il faut rester conscient que ça doit être transitoire.
Il ne faut pas tomber dans l’écueil de vouloir faire du numérique une solution miracle à tous les maux. Ce serait se mettre le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. Oui, un exerciseur sur tablette c’est plus « fun » qu’un exercice sur le cahier… Au début… Mais si au lieu de chercher à faire la même chose en plus attrayant on repensait la tâche demandée ? Si au lieu de l’exercice sur fiche, on s’orientait vers la tâche complexe et concrète ? Je ne dis pas non plus qu’il faut laisser tomber le travail sur fiche hein. Ca serait hypocrite. Mais certainement, il faut en faire un usage raisonné.
Le numérique, c’est le multimédia, ce sont les réseaux, c’est la communication. Voilà de quoi entrevoir le monde éducatif différemment (au scrabble tu peux dire « paradigme », c’est un mot compte triple) ! Voilà du grain à moudre pour repenser notre enseignement.
Alors oui, on va utiliser une app pour communiquer, une pour stocker, filmer monter. Mais c’est la partie visible de l’iceberg, le côté bling bling. WordPress, Twitter, Evernote, DropBox, Google Drive, iMovie, Vine, Replay : on s’en fout ! Si on veut convaincre les détracteurs du numérique (et y’en a un paquet encore aujourd’hui), montrons plutôt qu’il est un support à des pédagogies nouvelles (ou renouvelées) dans une société où on voit bien que l’ancien modèle est dépassé. Pas un repère de techniciens, mais de pédagogues qui savent pourquoi ils utilisent tel ou tel outil.
Pensons objectifs, tâches et ensuite applications. On n’a pas besoin de 20 applications de français. On a besoin de faire écrire les élèves. Dans ce cas les Twittclasses et autres projets Twictée se révèlent être de forts leviers car ils sont encrés dans le réel ou la communication. D’ailleurs au final, les apps que j’utilise ne sont souvent que de simples clients pour des services web (Twitter et Evernote).
Le simple fait de prendre une photo et de l’annoter en direct est d’une puissance pédagogique énorme selon moi. On saisit l’instant, on le commente, l’explique voire l’augmente. On peut garder une trace de tout (audio, photo, vidéo), faciliter les démarches scientifiques et l’analyse réflexive.
La révolution n’est donc pas dans une app qui résoudrait tous nos problèmes mais bien dans des modèles pédagogiques (je dis bien « DES », car il n’y a pas UNE seule façon de faire) qui prendront pour appui ces nouvelles possibilités qu’offre le monde numérique.
La communication sans limite de distance, la possibilité de capturer des instant et d’observer de nouvelles choses et cette facilité déconcertante pour produire des ressources. Tout cela, ce sont des apports nouveau et puissants qu’il faut prendre en compte et exploiter.